Une aurore boréale vue au nord de la France

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Registre BMS du Trévoux (collection communale) – Source : AD-29

Juste au dessous d’un acte de baptême daté du 17 mars 1716, le recteur du Trévoux (Finistère), écrit dans l’un de ses registres (collection paroissiale) : « Cette nuit ce jour parut un phénomène terrible dans le ciel ». Ceci n’est pas sans rappeler l’annotation du curé de Pleyber-Christ, dans ses propres registres, trois ans plus tard, sur l’observation d’une météorite vue dans le ciel finistérien.

Il s’agit ici manifestement d’une aurore boréale exceptionnelle, vue cette nuit là en de nombreux endroits d’Europe. Elle fut notamment observée par les astronomes Edmond Halley à Londres (encore lui) et Roger Cotes à Cambridge. Leurs témoignages et analyses peuvent être lus dans les numéros 347 et 365 des Transactions philosophiques (pages 406 et 60, respectivement). Les deux astronomes se réfèrent à la date du 6 mars mais il s’agit bien du même phénomène observé au Trévoux. La différence de date étant due aux écarts de calendrier français et anglais à cette époque.

Dans des articles parus dans les Transactions Philosophiques, on peut également lire que cette aurore a été aperçue à Paris et Dublin, ainsi que depuis un navire navigant au NW de l’Espagne, par 45°36’N. Par la suite, d’autres aurores, de moindre intensité, ont été vues à de basses latitudes les 31 mars, 1er et 2 avril de la même année.

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Aurore boréale en Alaska (2005)
Photo US Air Force

L’article de la Wikipedia sur les aurores polaires, nous indique que celles-ci se produisent principalement dans les régions proches des pôles magnétiques, dans une zone annulaire appelée « zone aurorale », comprise en général entre 65 et 75° de latitude. En cas d’activité solaire intense, l’arc auroral s’étend vers des latitudes plus basses. Deux facteurs sont donc à considérer pour que l’on puisse voir des aurores à nos latitudes : la position du pôle nord magnétique et l’activité solaire. Les aurores sont en effet provoquées par l’interaction entre les particules chargées du vent solaire et la haute atmosphère : plus le soleil est actif, plus le vent solaire est intense.

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Dérive du Pôle Nord magnétique
(modèles et observations)
Source : Wikipedia CC

La position du pôle a surtout été mesurée à partir du début du XXème siècle (Amundsen, 1904). Une seule mesure avait, semble-t-il, précédé celle d’Amundsen : celle de James Clark Ross en 1831. Les deux positions, situées à environ 50 km l’une de l’autre, se trouvent au Nunavut. Depuis, le pôle se déplace d’environ 55 km par an, en moyenne, vers le NNW. Mais où était-il en 1716 ?

C’est la modélisation qui nous renseigne. Le modèle actuel le plus abouti pour la période 1590-1900 semble être le modèle gUFM (Jackson et al., 2000). C’est le modèle officiel de la NOAA pour cette période. Il situe le pôle nord magnétique par environ 74°N – 114°W, soit encore au Nunavut, à une distance d’environ 5100 km du Finistère. Aujourd’hui, il se trouve par 86°N – 166°W, ce qui représente une distance d’environ 5500 km. Cela ne fait pas grande différence.

Qu’en est-il de l’activité solaire ? Vers 1843, l’astronome amateur allemand Heinrich Schwabe remarque un cycle d’environ 11 ans du nombre de tâches sombres observées à la surface du soleil. Quelques années plus tard, Johan Rudolf Wolf établit un lien entre l’activité solaire et le nombre de tâches sombres du soleil. Cette méthode, peu précise, a l’avantage de couvrir 350 ans d’observations. Le nombre de Wolf (Sunspot Number en anglais)(R), dépend du nombre de tâches (t), du nombre de groupes de tâches (g) et d’un coefficient correcteur (k) appliqué pour tenir compte du moyen d’observation utilisé pour effectuer le comptage. La figure ci-dessous indique le nombre de Wolf depuis 1749 (trait bleu). Il résulte d’une moyenne effectuée sur les relevés de plusieurs observatoires. Pour les années antérieures, les observations étaient plus sporadiques (croix rouges), donc moins précises. De nos jours, on mesure l’intensité du rayonnement solaire pour connaître l’activité de l’astre.

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Nombre de Wolf depuis l’an 1600 – Source : NASA

Le maximum du 1er cycle de Schwabe a eu lieu en avril 1750. Considérant un cycle de 11 ans, on peut penser que les maximums précédents ont eu lieu en 1739, 1728 et 1717, à plus ou moins un an près. En mars 1716 nous étions donc proche du maximum d’un cycle.

Pêcherie de Melon (Finistère)

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Barrage de pêcherie près de l’île Melon – Finistère
(Ortholittorale 2000 – Geoportail)

Lundi 17 octobre 2016, il fait beau à la pointe du Finistère. C’est l’occasion, pour le privilégié que je suis – tout juste retraité -, d’aller faire quelques photos. Une semaine avant, à l’occasion du premier Ocean Hackhaton organisé à Brest, j’ai appris que des vestiges de pêcheries anciennes, construites il y a plusieurs siècles sur nos côtes, pouvaient être visualisées sur Google Earth et qu’on pouvait apercevoir certaines à marée basse. Par chance, une grande marée a lieu ce lundi (coefficient 114). La marée sera basse à 13:04 à Lanildut, la hauteur prévue est de 0,36 mètre.

Une rapide bibliographie me conduit à lire, en diagonale – il est 11:00, le temps presse -, une étude ayant consisté à dater les anciennes pêcheries du Bas Léon (M.-Y. Daire et L. Langouët, 2011). Le tableau 1 nous donne la liste de 72 sites répertoriés. Je jette mon dévolu sur le site n°11 : un barrage de 124 mètres, constitué d’un empierrement incurvé s’appuyant sur deux roches. Selon l’étude, il a été construit entre 1000 et 250 avant JC. Il est situé par 74833 et 2410948 coordonnées Lambert IIe. Le tableau indique que le sommet du barrage se trouve à 1,0 mètre au dessus du zéro des cartes. Il devrait donc dépasser d’environ 65 cm le niveau de l’eau, ce lundi 17 octobre, à marée basse.

Google Earth n’affiche pas les coordonnées Lambert. Il me faut aller sur Geoportail pour localiser le barrage. Celui-ci se situe entre Melon et son île, à environ 140 mètres au sud de l’extrémité de la jetée. Aujourd’hui, en rédigeant cet article, je me rends compte que l’on voit très bien ce barrage sur l’Ortholittorale 2000 (choisir « données thématiques », puis « Développement durable, énergie » et enfin, « Ortholittorale 2000″ sur Geoportail). A l’époque, je suis allé sur Google Earth après avoir localisé le barrage sur Geoportail.  Le barrage se voit sur l’image de mars 2010. Depuis quelque temps, il est possible d’afficher des images satellite historiques sur Google Earth.

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Je suis arrivé sur place, tout juste à marée basse. La photo ci-dessus montre ce que j’ai pu voir du barrage. Un peu déçu : seules les algues qui y sont accrochées apparaissaient. On peut cependant voir nettement la forme de la construction. A l’époque où elle a été construite, les poissons passaient le mur à marée haute et étaient piégés entre Melon et son île, à marée basse. Un autre barrage, plus petit, se trouve dans la passe nord qui mène au port de Melon. A l’époque de l’exploitation de la pêcherie, le niveau des plus basses mers était bien plus bas qu’aujourd’hui.

Énergie et corps humain

Importance relative des sources d’énergie d’un athlète en fonction de la durée de l’effort (source : SporTech)

Jeux olympiques obligent, intéressons-nous un peu à l’énergie dépensée par les athlètes dans leurs performances. Les physiologistes distinguent trois sources d’énergie :

  • une source anaérobie alactique (pour moins de 30 secondes d’effort) ;
  • une source anaérobie lactique (pour moins de 3 minutes d’effort) et
  • une source aérobie (pour plus de 3 minutes d’effort).

Comme le montre le schéma ci-dessus, les trois sources fonctionnent en parallèle à des degrés divers.

Comme tous les animaux, les êtres humains trouvent l’énergie nécessaire à la vie, dans la nourriture. Celle-ci est stockée sous forme de sucres. Les aliments sont notre carburant, l’oxygène que nous respirons sert de comburant (cf. Les explorateurs de l’énergie).

L’énergie produite par le corps humain sert, au minimum, à maintenir la température du corps à environ 37°C et à faire fonctionner les organes essentiels à la vie (cœur, reins, cerveau…). C’est le métabolisme de base.

L’article de la Wikipedia sur le sujet nous donne des formules dont celles de Black et al. (1996), qui font référence pour calculer le métabolisme de base  :

  • Femmes : MB = 0,963.P0,48.T0,50.A-0,13
  • Hommes : MB = 1,063.P0,48.T0,50.A-0,13

Où : MB est le métabolisme de base en mégajoules (MJ), P est la masse en kilogrammes, T est la taille en mètres et A est l’âge en années

Ainsi, le métabolisme de base d’un homme de 60 ans, mesurant 1,76 m et pesant 85 kg s’élève à 7175 kJ/jour. Celui d’une femme de 35 ans, mesurant 1,66 m et pesant 70 kg s’élève à 6000 kJ/jour. Ces valeurs correspondent respectivement à des puissances moyennes de 83,0 et 69,4 watts. A comparer avec une ampoule électrique à incandescence.

Au delà du métabolisme de base, tout effort effectué grâce aux contractions musculaires, nécessite aussi de l’énergie.

Usain Bolt lors des championnats du monde d’athlétisme à Berlin en 2009
Photo Erik van Leeuwen (GDFL)

Une étude intéressante, réalisée à l’Université de Mexico en 2013, a montré que Usain Bolt avait produit une force horizontale constante de 815,8 N (proche de son poids), lors de son record du monde en 2009 à Berlin (en 9,58 secondes).

Cette force lui est nécessaire pour accélérer dans les premiers mètres (l’énergie cinétique augmente), ainsi que pour lutter contre le frottement avec le sol et résistance de l’air, tout au long de la course. Le frottement avec est proportionnel à la vitesse de l’athlète. En l’absence de vent, la résistance de l’air est proportionnelle au carré de sa vitesse.

L’athlète a donc produit une énergie totale égale à 81,58 kJ, soit une puissance moyenne de 81580/9,58 = 8516 watts pendant les 9,58 secondes. L’étude a montré d’autre part que 7,8% seulement de cette énergie ont été consacrés à son déplacement. Le reste (92,2%) s’est dissipé en frottements (sol et air). Quel gâchis !

Enfin, l’étude a montré aussi que la puissance nécessaire pour lutter contre la résistance de l’air représentait environ 11% de la puissance nécessaire pour lutter contre tous les frottements, une fois la vitesse de l’athlète stabilisée (12,15 m/s).

Il va de soit que la majeure partie de la source d’énergie d’Usain Bolt lors des 100 m, est de nature anaérobie alactique.

Dans un prochain article, nous nous intéresserons aux cyclistes.

La transition énergétique est en marche

Un rapport, publié le 1er septembre par le World Wildlife Fund (WWF), nous éclaire sur les avancements de la transition énergétique. Celle-ci est devenue une réalité mais certains refusent encore d’y croire. Le rapport salue les efforts des États du G20 dont les dirigeants se réunissent à Hangzhou en Chine à ce dimanche et lundi. Il développe 15 signaux importants. Parmi ceux-ci, j’ai noté :

  • Chiffres de l’Agence Internationale de l’Énergie (AEI – IEA en anglais) à l’appui, la part des énergies renouvelables dans la nouvelle génération d’électricité mondiale est passée de 50% en 2014 à 90% en 2015 dans le monde. Les 10% restants engloberaient-ils la mise en œuvre de quelques centrales nucléaires (à vérifier) ? On notera, au passage, une promesse du G20, en 2009, ne ne plus subventionner les énergies fossiles. Promesse rappelée ces jours-ci par Climate Transparency.
  • Le coût des technologies solaires a baissé de plus de 80% au cours des 6 dernières années et cette tendance se poursuit. D’ici 2015, le solaire photovoltaïque sera le mode de génération d’électricité le moins coûteux qu’il soit.
  • Les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint un nouveau record en 2015. Ils représentent plus du double de ceux consacrés aux nouvelles capacité du charbon et du gaz naturel (gaz de schiste, par exemple).
  • Nouveau record aussi en 2015, dans le nombre d’emplois créés dans le secteur des renouvelables : plus de 8 millions d’emplois dans le monde.
  • En Chine, les investissements dans les énergies renouvelables augmentent de 17% par an. Avec 103 milliards de dollars investis en 2015, le pays est le leader mondial dans ce domaine. Le Danemark, l’Allemagne, la Suède, l’Espagne, le Portugal représentent cependant le top 5 des pays producteurs d’électricité renouvelable rapportée au nombre d’habitants.
  • Selon des statistiques officielles chinoises, la Chine aurait atteint son pic de consommation de charbon en 2013 (à vérifier au cours des prochaines années).
  • De manière générale, l’industrie charbonnière se contracte dans le monde. Les prix du charbon sont en chute libre depuis janvier 2011. Le premier groupe charbonnier mondial, l’américain Pearbody Energy, a déposé son bilan. Je trouve cela assez paradoxal : une baisse du coût de l’énergie primaire ne devrait-elle pas entraîner de plus gros profits pour les transformateurs ?
  • Selon l’AEI, les émissions mondiales de CO2 se sont maintenues à hauteur de 32 milliards de tonnes pour la seconde année consécutive en 2015… malgré la croissance économique.
  • Le déploiement mondial des énergies renouvelables est plus rapide que ce qu’avaient prévu de nombreuses organisations internationales dont l’AEI, il y a quelques années. Ces organisations sont obligées d’ajuster régulièrement leurs chiffres en fonction de la réalité. Voilà quelque chose de très encourageant.

Pour en savoir plus, lire l’intégralité du rapport du WWF

Principales sources du rapport :

Commentaires personnels sur le rapport :

  • A la page 11 du rapport, il est écrit en sous-titre : « Le 8 mai 2016, les renouvelables ont fourni la quasi-totalité de la demande électrique en Allemagne« . Plus loin, il est écrit : « Le 8 mai 2016, celles-ci ont fourni 87,6% de la consommation d’électricité domestique (55,95 GW)« . On a l’impression qu’il s’agit d’une moyenne sur la journée alors que cette performance n’a eu lieu qu’à un instant donné, aux alentours de 11h00 comme le montre le graphe ci-dessous (obtenu sur le site d’Agora Energiewende). A cet instant, la production totale d’électricité renouvelable s’élevait à 55,945 GW. En supposant que le pourcentage donné par le rapport soit exact, la consommation d’électricité domestique s’élevait donc à 63,864 GW. Le site d’Agora Energiewende indique qu’à 11h00, la consommation totale d’électricité du pays s’élevait à 66,286 GW. Doit-on en conclure que la différence (2,422 GW) concerne l’électricité consommée par l’industrie et les transports ?  C’est probable : le 8 mai était un dimanche.

Techniques supposées pour réaliser des crop circles

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Lunettes à réalité augmentée (photo Université du Texas)

J’ai réfléchi à la manière dont le crop circle de la ferme Ansty a pu être réalisé. Je laisse de côté l’outil qui a servi à coucher le blé. Ce peut-être une planche en bois, un bâton… là n’est pas le plus difficile. Ce qui m’intéresse, c’est comment les artistes ont visualisé les limites entre les zones où le blé devait être couché et celles où il devait resté dressé.

Je pense avoir trouvé. Deux techniques ont été utilisées conjointement : la géolocalisation par GPS différentiel et des lunettes à réalité augmentée.

Le GPS de base – celui de nos smartphones, par exemple -, n’est pas suffisamment précis pour permettre le positionnement nécessaire à la réalisation d’un agroglyphe complexe du type de celui de la ferme Ansty (cf. article précédent). Les artistes ont donc du utiliser un GPS différentiel (DGPS). La technique consiste à corriger les positions du récepteur GPS grâce à celles calculées par une balise GPS fixe installée dans le voisinage. Les corrections sont transmises par radio.

Le GPS différentiel est d’ailleurs utilisé en agriculture : de nos jours, des engins agricoles sont capables de travailler les champs en pilotage automatique. Le GPS différentiel est aussi utilisé pour la circulation aérienne et automobile : voitures Google et Tesla, par exemple.

Le positionnement est une chose, reste à comprendre comment les artistes ont visualisé les zones où le blé devait être couché et celles où il devait être laissé intact. Il y a de fortes chances pour qu’ils aient utilisé des lunettes à réalité augmentée.

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Simulation de ce que peut voir un créateur d’agroglyphe à travers des lunettes à réalité augmentée

Les lunettes à réalité augmentée liées à un positionnement par GPS différentiel sont aujourd’hui une réalité ;o) . Elles sont, par exemple, proposées pour visiter certains sites archéologiques (cf. l’archeoguide).

Imaginez le dessin des zones se superposant à la vision du terrain grâce à ces lunettes. J’ai essayé de représenter ci-contre ce que voit l’artiste. Je ne suis pas encore très doué dans l’utilisation de Gimp mais je pense que cela donne une bonne idée de ce que voit l’opérateur. Les traces sont censées être au sol.

Un magnifique crop circle dans le sud de l’Angleterre

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Crop Circle de la ferme Ansty (12 août 2016) (photo mrgyro.co.uk)

Le 12 août dernier (2016), la présence d’un magnifique crop circle dans la propriété Ansty près de Salisbury, dans le Wiltshire, a été révélée. Mesurant une centaine de mètres de diamètre, il s’agit probablement d’un des plus beaux agroglyphe jamais réalisés. Immédiatement, les céréologues – c’est ainsi qu’ils s’appellent -, ont avancé qu’en raison de sa complexité, il ne pouvait pas avoir été réalisé par des humains.

Il s’avère que la région est celle où, depuis les années 70, les apparitions de crop circles ont été les plus nombreuses. Le Wiltshire et le Hampshire sont considérés comme étant le berceau des crop circles. Stonehenge, situé à moins de 25 km de la ferme Ansty, étant aussi selon certains, l’œuvre d’extra-terrestres, la région est propice à leur présence.

Très vite, il est apparu que ce crop circle était en fait le logo d’une société américaine, Mothership Glass, qui commercialise des pipes à eau en verre, à la seule différence que les lettres composant le nom de la société sur le pourtour du logo, ont été remplacées par des symboles… symboles qui d’ailleurs se trouvent sur les pipes de la société.

Du coup, l’agroglyphe d’Ansty a été qualifié de faux crop circle par les céréologues, puisque réalisé par des humains. Il s’est avéré qu’il a fallu trois jours – et non pas une nuit -, pour le réaliser, et ce, avec la complicité des propriétaires du champ qui étaient partis en vacances. Ceux-ci ont, bien entendu, été dédommagés. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à faire payer l’entrée de leur champ aux visiteurs dans les jours qui ont suivi.

Les céréologues ne nient pas que certains crop circles sont réalisés par des humains. Ils pensent même que 80% le sont. Mais ils pensent aussi, que ceux-ci qui les réalisent ont pour but de les décrédibiliser. Cette croyance est courante dans d’autres domaines pseudo-scientifiques.

En 1991, deux fermiers anglais, Doug Bower et Dave Chorley revendiquèrent la plupart des agroglyphes réalisés dans la région d’Avebury (44 km de la ferme Ansty) depuis 1978. Dans un reportage diffusé sur Arte, ils montrent comment ils procédaient, armés d’une planche de bois, d’un bâton et d’une corde. Il va sans dire que la technique a évoluée depuis : l’agroglyphe de la ferme Ansty ne peut pas avoir été réalisé de cette manière.

Les agroglyphes s’apparentent à du land art mais les circle makers gardent secret leurs techniques. L’anonymat avec lequel ils procèdent s’apparente un peu à ce que fait Bansky dans le domaine du street art. Ceci dit, personne n’a jamais clamé que Bansky était un extra-terrestre.

Dans les années 90, le collectif Circlemakers Arts a réalisé plusieurs œuvres de manière non anonyme. En 1998, l’une d’elle, relativement complexe et réalisée en Nouvelle Zélande, de nuit, en quatre heures de temps, a fait l’objet d’un documentaire diffusé partout dans le monde.

L’agroglyphe d’Ansty n’est pas le premier à être utilisé comme support publicitaire. Parmi eux, on peut citer le logo de Firefox, en 2006 dans l’Oregon (70 mètres de diamètre), et le dessin du processeur Tegra K1 de la société Nvidia, fin 2013 dans la Salinas Valley en Californie (100 mètres de diamètre).

Il est peu probable que l’agroglyphe d’Ansty soit l’œuvre de Doug Bower et Dave Chorley mais on peut penser que ceux-ci ont fait des émules dans la région et que les meilleurs artistes dans le domaine, s’y trouvent toujours.

La photo ci-jointe est extraite du site Crop Circle Connector qui collecte les informations sur les agroglyphes. De nombreuses autres photos sont visualisables sur la fiche consacrée à l’agroglyphe de la ferme Ansty.

L’éclipse du 20 mars menace-t-elle notre approvisionnement en électricité ?

Dimanche, l’excellente émission 3D, sur France Inter, était consacrée à l’autodéfense intellectuelle. Je vous invite à la ré-écouter. C’est, en quelque sorte, une question de salubrité publique. Je reviendrai plus tard sur le sujet parce qu’il me passionne. En attendant, l’article de l’AFP, rapportant aujourd’hui une étude de l’ENTSOE qui prédit que l’éclipse de soleil du 20 mars prochain mettra à l’épreuve le système électrique européen, m’interpelle. Une occasion de passer à la pratique.

L’ENTSOE est l’association des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité interconnectés d’Europe. C’est un organisme sérieux mais l’information relayées par les médias n’est peut-être pas objective. L’ENTSOE ne serait-elle pas photovoltaïquophobe ?

Ma première réaction a été de me réjouir. Si ce que l’étude dit est vrai, alors la transition énergétique a eu lieu : nous produisons tellement d’électricité photovoltaïque que ses variations, mal prises en compte – pourquoi une éclipse serait-elle moins bien prise en compte que la nuit ? -, peuvent causer des pannes !

Simulation de l'évolution de la production d'électricité photovoltaïque au fil des heures le 20 mars par temps clair, avec  (courbe rouge) et sans éclipse (courbe bleue). La courbe verte matérialise la "perte" d'électricité due à l'éclipse.

Simulation de l’évolution de la production d’électricité photovoltaïque au fil des heures le 20 mars par temps clair, avec (courbe rouge) et sans éclipse (courbe bleue). La courbe verte matérialise la « perte » d’électricité due à l’éclipse.

Mais je plaisante ! Je doute que produisions suffisamment, à l’heure actuelle, pour qu’un tel événement se produise. Voyons voir. L’étude nous indique que, en ciel clair, la perte due à l’éclipse sera de 35000 MW (cf. les courbes tirées de l’étude). Selon la Wikipedia, le parc photovoltaïque installé en Europe était d’environ 80000 MWc en 2013 (36000 en Allemagne, seulement 4700 en France).

Compte tenu du fait que :

  • l’éclipse sera partielle,
  • le soleil ne sera pas occulté de la même manière partout en Europe en même temps,
  • la totalité du parc installé n’est pas idéalement orienté/incliné,

… une perte de 35000 MW vers 9h40 UTC le 20 mars, semble cohérente. Ceci dit, il s’agit de conditions idéales : un ciel clair sur toute l’Europe ce matin-là.

Il faut savoir que les jours maussades, une installation photovoltaïque peut produire 10 fois moins d’électricité que les jours de ciel clair. Quelle sera la situation météorologique le 20 mars ? Il est trop tôt pour le savoir. Mais la probabilité pour qu’il y ait un ciel clair partout en Europe, en même temps, est peu probable. Ce serait une situation exceptionnelle.

Soyons généreux et considérons qu’en moyenne, il y aura une perte de 18000 MW soit un peu plus de la moitié de ce qui serait perdu par ciel clair. Selon les chiffres de l’ENTSOE et après un petit calcul, il s’avère que la puissance électrique moyenne consommée en Europe au mois de mars 2014 a été de 300000 MW environ : 65000 MW pour la France et pour l’Allemagne, 45000 pour le Royaume-Uni, 30000 pour l’Espagne et l’Italie. Il s’agit ici de moyennes de jour comme de nuit.

Autrement dit, la variation due à l’éclipse serait de l’ordre de 6%. Sur le site de RTE, réseau français de transport d’électricité, on peut suivre heure par heure notre consommation électrique nationale. On peut constater qu’entre 19h30 et 22h00 ce soir, 24 février, nous sommes passés de 77540 à 68270 MW en puissance consommée, soit une variation de 12%.

Tous les jours, le réseau gère de telles variations – et il y en a d’autres au cours d’une même journée. Et le réseau serait incapable de gérer une variation deux fois plus faible ? Que veut-on nous faire croire ?

En novembre dernier, Dominique Maillard, président de RTE, estimait que l’impact sera minime si le temps est couvert mais qu’on pourrait voir disparaître 30000 MW si le temps est clair (La Chaîne Énergie). Autrement dit il y aura un problème si le photovoltaïque ne produit pas l’électricité qu’il aurait pu produire en l’absence d’éclipse : du grand n’importe quoi.

Le transport aérien est-il le plus sûr ?

Crash de l’avion AH 5017 d’Air Algérie. Encore un accident d’avion qui mérite réflexion.

MD 83 de Swiftair (Kevin Cleynhens/AP/SIPA)

Comment se fait-il que la balise de détresse n’ait pas fonctionné si l’avion ne s’est pas désintégré en vol, suite à un attentat ou un missile ? Tous les avions, y compris les plus petits, sont obligatoirement équipés d’une balise qui transmet automatiquement sa position à terre via satellite, à la suite d’un choc. Pour le Rio-Paris et le vol MH 370 de Malaysia Airlines, les médias nous ont expliqué que la balise avait coulé et n’avait, par conséquent, pas pu émettre. Ce n’est pas le cas pour l’avion de Swiftair affrété par Air Algérie. Était elle en état de fonctionner ? Sa batterie n’était-elle pas déchargée ?

Vingt-quatre heures se sont écoulées entre le moment du crash et l’intervention d’un premier hélicoptère français sur les lieux. Que se serait-il passé s’il y avait eu des survivants blessés ? Tant de temps pour porter secours à des passagers en détresse est inadmissible. Il existe aujourd’hui des moyens peu coûteux pour localiser en quasi permanence des mobiles (voir un article précédent). Le suivi de l’avion par satellite aurait certainement permis de le retrouver plus tôt.

Le transport aérien est il le plus sûr ? Cette idée, régulièrement rapportée par les médias, est contestable. Tout d’abord, elle émane de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA). Certes, cette association revendique 84% du trafic aérien (commercial ?) en nombre de sièges-kilomètres mais, premier problème : certaines compagnies, peu sûres, ne font pas partie de l’IATA alors que pouvons être amenés à emprunter leurs avions. Ensuite, les statistiques de l’IATA ne prennent pas en compte les avions privés pour lesquels le risque est plus élevé.

Pour montrer que le transport aérien est sûr, les statistiques qui nous sont montrées, se rapportent au nombre de passagers-kilomètres parcourus. Bien évidemment, si nous prenons l’avion, c’est pour aller loin. Si l’on rapporte le nombre de tués au nombre de passagers-heures, les statistiques sont déjà moins favorables. En 1999, dans l’Union Européenne, il y a eu plus de morts en avion (aviation civile) par passagers-heures qu’en voiture (voir l’article de wikipedia).

… et si l’on rapporte le nombre de tués au nombre de passagers-trajets, les statistiques sont encore plus défavorables au transport aérien, les accidents sont plus nombreux au décollage et à l’atterrissage, quelle que soit la durée du voyage. Autrement dit, le risque est plus élevé lorsque vous prenez l’avion pour les Etats-Unis, par exemple, que lorsque vous prenez votre voiture pour aller travailler.

Cela fait plus de 21 ans…

Chouette d'Or

La Chouette d’Or telle que présentée dans le catalogue de vente chez Drouot en juin 2014

Cela fait plus de 21 ans que la « Chouette d’Or » a été enterrée quelque part en France. Il s’agit en réalité d’une contremarque en bronze. La vraie Chouette d’Or, oeuvre d’art faite d’or, argent et pierres précieuses, devrait être remise contre la contremarque à celui qui trouvera celle-ci. En 1993, la Chouette d’or était estimée à un million de francs (150 000 euros). A ce jour, personne n’a encore trouvé la contremarque.

« Sur la trace de la Chouette d’Or » est un jeu de sagacité : une chasse au trésor, concoctée par Régis Hauser, alias Max Valentin, et dotée par l’artiste Michel Becker. Onze énigmes, disponibles aujourd’hui gratuitement sur Internet, doivent être résolues pour trouver le lieu de la cache. Seul Max Valentin connaissait l’endroit. « Connaissait » car il est décédé dans la nuit la nuit du 23 au 24 avril 2009, seize ans jour pour jour après avoir enterré la contremarque.

Pour les chasseurs de trésor, cette quête est devenue mythique. Il s’agirait de la plus ancienne chasse au trésor organisée non résolue, dans le monde. Pendant tout ce temps, la vraie Chouette en or a subit bien des vicissitudes :

  • En 2004, elle s’est trouvée inscrite dans l’actif de la liquidation judiciaire de la société qui louait le coffre-fort dans laquelle elle était enfermée. En janvier 2009, la cour d’appel de Versailles a considéré qu’elle devait être remise à son créateur, Michel Becker, en attendant la découverte de la contremarque.
  • Récemment, en juin 2014, elle a failli être vendue aux enchères chez Drouot. Suite au décès de Max Valentin, Michel Becker considère en effet, sans pouvoir le prouver, que l’intégrité du jeu n’est plus garantie. Il estime désormais pouvoir disposer de la statue selon son bon vouloir. Les héritiers de Régis Hauser affirment le contraire. La vente a été annulée in extremis.

Certains chercheurs disent ne pas se préoccuper du lot qui sera éventuellement remis à l’inventeur de la contremarque. Ils se contenteront du prestige qui leur sera accordé s’ils réussissent. Ceci dit…

Moi aussi je cherche la Chouette depuis 21 ans, avec des périodes plus ou moins actives.

Pour en savoir plus…

  • Visiter le site Web et le forum de l’Association des Chercheurs de la Chouette d’Or (A2CO)
  • Lire « La Chouette d’Or, 20 ans après » aux Editions du Trésor (2013)

Suivi des avions par satellite

Suite à la disparition du vol MH370 de Malaysia Airlines, on peut lire ici et là que le suivi des avions par satellite coûterait cher. Lorsque l’on connaît les coûts exacts de ces mesures, on a l’impression que le transport aérien cherche à justifier son manque d’anticipation en la matière. Les agences météorologiques et océanographiques suivent depuis des années des milliers de balises et les coûts ne sont pas si élevés que ce que laisse entendre la presse. Je travaille dans le domaine et je sais de quoi je parle.

Modem Iridium à gauche, satellite à droite

Modem Iridium à gauche, satellite à droite

Le système de communications satellite le plus performant du moment pour ce type d’application est certainement Iridium. Il repose sur une constellation de satellites défilants. Son service SBD (Short Burst Data) permet l’envoi de messages courts, sortes de SMS binaires. L’unité de facturation est un bloc de 30 octets. Dans un seul bloc, les bouées dérivantes dont je suis responsable, transmettent leur position GPS, la pression atmosphérique, la température de la mer, des paramètres technologiques ainsi que l’heure des mesures … et la totalité du bloc loin d’être utilisée.

Les bouées transmettent leurs observations une fois par heure. Les données, relayées par Internet, sont reçues en moins de 2-3 minutes et peuvent être traitées de manière automatique. Un bloc de 30 octets coûte environ trois centimes d’Euros à Météo-France, mon employeur, TVA incluse.

A noter que les conditions dans lesquelles émettent les bouées peuvent être bien plus difficiles que celles rencontrées par les avions. Lors des tempêtes, elles passent sous la crête des vagues et ne peuvent pas émettre à ce moment. C’est dire la robustesse du système Iridium.

Pour suivre les avions, on peut imaginer la transmission de :

  • la date et l’heure ;
  • la position et la vitesse de l’avion fournies par le GPS ;
  • l’altitude – il suffit d’adjoindre un baromètre à la balise.

Boeing du vol MH370  © Laurent Errera

Boeing du vol MH370 © Laurent Errera

En supposant que la transmission des données s’effectue toutes les 6 minutes – Air France envisage de transmettre toutes les 10 minutes -, cela ne coûterait 30 centimes de l’heure, par avion, soit 3 Euros pour un vol de dix heures !! Pour ce prix, on peut même doubler, voire tripler l’équipement. Certes, il conviendrait de mettre en place un service de collecte et de traitement des données mais un simple ordinateur connecté à Internet aurait suffit à connaître le déplacement du vol MH370 si l’avion avait été équipé.

La balise pourrait, par exemple, être placée au sommet de l’empennage de l’avion, en un endroit où il serait impossible de la désactiver en vol. Comme les boîtes noires, elle pourrait, en temps normal, être alimentée par l’énergie électrique du bord mais avoir une autonomie de plusieurs heures, voire plusieurs jours, une fois l’alimentation coupée. Elle pourrait même continuer d’émettre après un crash, sous certaines conditions.

J’ai lu qu’Inmarsat proposait de lancer prochainement un service gratuit de suivi des avions par satellite. Le problème c’est que ce système de communication, basé sur des satellites géostationnaires, n’est pas global. Contrairement à Iridum, il ne couvre pas les régions polaires. Or, de nombreux avions commerciaux survolent l’Arctique.