Pas un jour sans que, dans l’Ouest Éclair ou la Dépêche de Brest… mais aussi dans la presse nationale, il ne soit question de l’affaire Cadiou. Une affaire qui, à ce jour, reste encore inexpliquée. Dans son livre « L’affaire Quéméneur-Seznec, Ed. Apogée, Rennes, 2005 », Bernez Rouz résume bien l’affaire Cadiou :
« Le 29 décembre 1913, Louis Cadiou, le directeur de la poudrerie de la Grande-Palud située route de Brest à Landerneau, disparaît. Son corps n’est retrouvé que le 5 février sur l’indication d’un médium de Nancy. Il a été enterré dans un bois après avoir été tué par balles. Le suspect n°1 n’est autre que l’ingénieur en chef de l’usine Louis-Désiré Pierre, en poste depuis 1909. L’usine qui appartenait aux Allemands avait fourni de la poudre de mauvaise qualité aux artilleurs français. Dans le cadre de la tension franco-allemande, on a pensé à une affaire d’espionnage, et de sabotage, mais les politiciens et notables locaux faisaient aussi l’objet de toutes les rumeurs. Une série de cartes postales satiriques fut éditée à cette occasion, brocardant les notables de Landerneau, la police et surtout la justice. L’ingénieur Pierre fut jugé aux assises de Quimper en 1919, il fut acquitté. Le crime de la Grande-Palud reste mystérieux encore à ce jour. On ne connaît toujours pas le nom de l’assassin de Louis Cadiou. »
En ce mois de février 1914, l’instruction suit son cours. Une poudrerie landernéenne appartenant aux allemands, à quelques mois du début de la Grande Guerre, l’affaire n’est pas banale.
L’usine de la Grande-Palud, située en aval de Landerneau sur la rive droite de l’Élorn, fabriquait alors du coton-poudre à partir de déchets d’huile de coton. Le coton-poudre entrait ensuite dans la fabrication de la poudre B, utilisée à bord des navires de guerre. L’instabilité de cette dernière, a entraîné les explosions des cuirassés Iéna en 1907 (118 morts) et Liberté en 1911 (plus de 200 morts) à Toulon. S’en est suivi une polémique entre Léopold Maissin, directeur de la poudrerie du Moulin-Blanc et Albert Louppe, directeur de celle du Pont-de-Buis, chacun se renvoyant la responsabilité de ces accidents. Une mauvaise qualité du coton-poudre était en cause. En 1903, les deux hommes s’étaient déjà opposés sur la création de l’usine de la Grande Palud, chacun soutenant une société concurrente. C’est Léopold Maissin qui, semble-t-il, avait fait venir les capitaux allemands.
Aujourd’hui, l’usine de la Grande-Palud, transforme des algues pour l’agroalimentaire, les cosmétiques et la pharmacie.
Plus d’infos sur l’affaire Cadiou sur le site de la BNF…