Suite à la disparition du vol MH370 de Malaysia Airlines, on peut lire ici et là que le suivi des avions par satellite coûterait cher. Lorsque l’on connaît les coûts exacts de ces mesures, on a l’impression que le transport aérien cherche à justifier son manque d’anticipation en la matière. Les agences météorologiques et océanographiques suivent depuis des années des milliers de balises et les coûts ne sont pas si élevés que ce que laisse entendre la presse. Je travaille dans le domaine et je sais de quoi je parle.
Le système de communications satellite le plus performant du moment pour ce type d’application est certainement Iridium. Il repose sur une constellation de satellites défilants. Son service SBD (Short Burst Data) permet l’envoi de messages courts, sortes de SMS binaires. L’unité de facturation est un bloc de 30 octets. Dans un seul bloc, les bouées dérivantes dont je suis responsable, transmettent leur position GPS, la pression atmosphérique, la température de la mer, des paramètres technologiques ainsi que l’heure des mesures … et la totalité du bloc loin d’être utilisée.
Les bouées transmettent leurs observations une fois par heure. Les données, relayées par Internet, sont reçues en moins de 2-3 minutes et peuvent être traitées de manière automatique. Un bloc de 30 octets coûte environ trois centimes d’Euros à Météo-France, mon employeur, TVA incluse.
A noter que les conditions dans lesquelles émettent les bouées peuvent être bien plus difficiles que celles rencontrées par les avions. Lors des tempêtes, elles passent sous la crête des vagues et ne peuvent pas émettre à ce moment. C’est dire la robustesse du système Iridium.
Pour suivre les avions, on peut imaginer la transmission de :
- la date et l’heure ;
- la position et la vitesse de l’avion fournies par le GPS ;
- l’altitude – il suffit d’adjoindre un baromètre à la balise.
En supposant que la transmission des données s’effectue toutes les 6 minutes – Air France envisage de transmettre toutes les 10 minutes -, cela ne coûterait 30 centimes de l’heure, par avion, soit 3 Euros pour un vol de dix heures !! Pour ce prix, on peut même doubler, voire tripler l’équipement. Certes, il conviendrait de mettre en place un service de collecte et de traitement des données mais un simple ordinateur connecté à Internet aurait suffit à connaître le déplacement du vol MH370 si l’avion avait été équipé.
La balise pourrait, par exemple, être placée au sommet de l’empennage de l’avion, en un endroit où il serait impossible de la désactiver en vol. Comme les boîtes noires, elle pourrait, en temps normal, être alimentée par l’énergie électrique du bord mais avoir une autonomie de plusieurs heures, voire plusieurs jours, une fois l’alimentation coupée. Elle pourrait même continuer d’émettre après un crash, sous certaines conditions.
J’ai lu qu’Inmarsat proposait de lancer prochainement un service gratuit de suivi des avions par satellite. Le problème c’est que ce système de communication, basé sur des satellites géostationnaires, n’est pas global. Contrairement à Iridum, il ne couvre pas les régions polaires. Or, de nombreux avions commerciaux survolent l’Arctique.